Adresse et heures d'ouverture

Adresse : ancien foyer rural (rue du Canal d'Algues), 30460 Lasalle

Tél : 04 66 83 99 14

Heures d'ouverture : Lundi 10-12h, Mardi 16h-18h, Mercredi 10h-12h et 14-18h, Vendredi : 16h30 - 18h , Samedi 10-12h
Jeudi (fermeture pour travaux collectifs)

"Regardez le spectacle de ces murs : c'est comme une bibliothèque dans la montagne. Regardez une bibliothèque : c'est comme un mur et qui tient des choses capitales. Nous avons besoin de livres et de pierres" (Patrick Cabanel)
"À vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir." (Henri Bergson)

28.2.17

Albert Camus : "Noces"

Le son

« Des millions d'yeux, je le savais, ont contemplé ce paysage, et pour moi il était comme le premier sourire du ciel. Il me mettait hors de moi au sens profond du terme, il m'assurait que sans mon amour et ce beau cri de pierre, tout était inutile. Le monde est beau, et hors de lui point de salut. La grande vérité que patiemment il m'enseignait, c'est que l'esprit n'est rien ni le cœur même, et que la pierre chauffée par le soleil ou le cyprès que le ciel découvert agrandit limitent le seul univers où avoir raison prend un sens : la nature sans hommes. Et ce monde m'annihile, il me porte jusqu'au bout, il me nie sans colère. Dans ce soir qui tombait sur la campagne florentine, je m'acheminai vers une sagesse où tout était déjà conquis, si des larmes ne m'étaient venues aux yeux, et si le gros sanglot de poésie qui m'emplissait ne m'avait fait oublier la vérité du monde.

C'est sur ce balancement qu'il faudrait s'arrêter, singulier instant où la spiritualité répudie la morale, où le bonheur naît de l'absence d'espoir, où l'esprit trouve sa raison dans le corps. S'il est vrai que toute vérité porte en elle son amertume, il est aussi vrai que toute négation contient une floraison de « oui ». Et ce chant d'amour sans espoir qui naît de la contemplation peut aussi figurer la plus efficace des règles d'action : au sortir du tombeau, le Christ ressuscitant de Piero della Francesca n'a pas un regard d'homme. Rien d'heureux n'est peint sur son visage - mais seulement une grandeur farouche et sans âme, que je ne puis m'empêcher de prendre pour une résolution à vivre. Car le sage comme l'idiot exprime peu. Ce retour me ravit. Mais cette leçon, la dois-je à l'Italie, ou l'ai-je tirée de mon coeur ? C'est là-bas, sans doute, qu'elle m'est apparue, mais c'est que l'Italie, comme d'autres lieux privilégiés, m'offrait le spectacle d'une beauté où meurent quand même les hommes, ici encore la vérité doit pourrir et quoi de plus exaltant ? Même si je la souhaite, qu'ai-je à faire d'une vérité qui ne doive pas pourrir ? Elle n'est pas à ma mesure. Et l'aimer serait un faux-semblant. On comprend rarement que ce n'est jamais par désespoir qu'un homme abandonne ce qui faisait sa vie. Les coups de tête et les désespoirs mènent vers d'autres vies et marquent seulement un attachement frémissant aux leçons de la terre. Mais il peut arriver qu'à un certain degré de lucidité, un homme se sente le cœur fermé et, sans révolte ni revendication, tourne le dos à ce qu'il prenait jusqu'ici pour sa vie, je veux dire son agitation. Si Rimbaud finit en Abyssinie sans avoir écrit une seule ligne, ce n'est pas par goût de l'aventure, ni renoncement d'écrivain. C'est « parce que c'est
comme ça » et qu'à une certaine pointe de la conscience, on finit par admettre ce que nous nous efforçons tous de ne pas comprendre, selon notre vocation. On sent bien qu'il s'agit ici d'entreprendre la géographie d'un certain désert. Mais ce désert singulier n'est sensible qu'à ceux capables d'y vivre sans jamais tromper leur soif. C'est alors, et alors seulement, qu'il se peuple des eaux vives du bonheur. À portée de ma main, au jardin Boboli, pendaient d'énormes kakis dorés dont la chair éclatée laissait passer un sirop épais. De cette colline légère à ces fruits juteux, de la fraternité secrète qui m'accordait au monde à la faim qui me poussait vers la chair orangée au-dessus de ma main, je saisissais le balancement qui mène certains hommes de l'ascèse à la jouissance et du dépouillement à la profusion dans la volupté. J'admirais, j'admire ce lien qui, au monde, unit l'homme, ce double reflet dans lequel mon cœur peut intervenir et dicter son bonheur jusqu'à une limite précise où le monde peut alors l'achever ou le détruire. Florence ! Un des seuls lieux d'Europe où j'ai compris qu'au cœur de ma révolte dormait un consentement. Dans son ciel mêlé de larmes et de soleil, j'apprenais à consentir à la terre et à brûler dans la flamme sombre de ses fêtes. J'éprouvais... mais quel mot ? quelle démesure ? comment consacrer l'accord de l'amour et de la révolte ? La terre ! Dans ce grand temple déserté par les dieux, toutes mes idoles ont des pieds d'argile. »


Albert Camus lit les dernières pages de "Le désert", quatrième et ultime nouvelle de "Noces".

Source : Les nouveaux chemins de la connaissance : Juste Camus 1/5 : Noces - le désert, émission diffusée sur France Culture le 19 juillet 2010.

23.2.17

Roméo et Juliette d'après Shakespeareà Lézan

Télémac théâtre

Telemac théâtre, le théâtre de Lézan, annonce pour les :

Vendredi 24 et samedi 25 février à 21h,
-  Dimanche 26 février à 17h,
un spectacle adapté de la pièce de Shakespeare « Roméo et Juliette ». 

Conté par l’illustre compagnie de Gina et Luigi, c’est une création 2017 de la Cie les Trois Valises.


Gina et Luigi, deux personnages improbables, agents d'entretien dans un théâtre, un tantinet ringards, un tantinet clownesques se rêvent acteurs. Un soir de relâche, dans un moment de délire, ils décident de jouer Roméo et Juliette ! Ne disposant que d'une heure pour interpréter tous les rôles de la pièce, munis seulement d'un escabeau minable et de quelques accessoires improvisés, ils saisissent à bras-le-cœur le merveilleux texte de Shakespeare enchaînant les scènes cultes dans une spirale d'humour et d'émotion…

Tarifs : 14 € tout public, 10 € adhérent du Télémac, 7 € enfant moins de 12 ans, étudiant et demandeur d'emploi.

Réservations au 04 66 21 07 60 ou par courriel : theatretelemac@aol.com

22.2.17

La science de bien vivre (Montaigne)

"Il n'est rien si beau et légitime que de faire bien l'homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie; et de nos maladies la plus sauvage, c'est mépriser notre être." Michel de Montaigne


"Les autres forment l’homme, je le recite : et en represente un particulier, bien mal formé : et lequel si j’avoy à façonner de nouveau, je ferois vrayement bien autre qu’il n’est : mes-huy c’est fait. Or les traits de ma peinture, ne se fourvoyent point, quoy qu’ils se changent et diversifient. Le monde n’est qu’une branloire perenne : Toutes choses y branlent sans cesse, la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Ægypte : et du branle public, et du leur. La constance mesme n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis asseurer mon object : il va trouble et chancelant, d’une yvresse naturelle. Je le prens en ce poinct, comme il est, en l’instant que je m’amuse à luy. Je ne peinds pas l’estre, je peinds le passage : non un passage d’aage en autre, ou comme dict le peuple, de sept en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l’heure. Je pourray tantost changer, non de fortune seulement, mais aussi d’intention : C’est un contrerolle de divers et muables accidens, et d’imaginations irresoluës, et quand il y eschet, contraires : soit que je sois autre moy-mesme, soit que je saisisse les subjects, par autres circonstances, et considerations. Tant y a que je me contredis bien à l’advanture, mais la verité, comme disoit Demades, je ne la contredy point. Si mon ame pouvoit prendre pied, je ne m’essaierois pas, je me resoudrois : elle est tousjours en apprentissage, et en espreuve. (III, 2)"
"Il est incertain où la mort nous attende, attendons la par tout. La premeditation de la mort, est premeditation de la liberté. Qui a apris à mourir, il a desapris à servir. Il n’y a rien de mal en la vie, pour celuy qui a bien comprins, que la privation de la vie n’est pas mal. Le sçavoir mourir nous afranchit de toute subjection et contraincte. (I, 20)"
"Et l’opinion qui desdaigne notre vie, elle est ridicule : Car en fin c’est nostre estre, c’est nostre tout. Les choses qui ont un estre plus noble et plus riche, peuvent accuser le nostre : mais c’est contre nature, que nous nous mesprisons et mettons nous mesmes à nonchaloir ; c’est une maladie particuliere, et qui ne se voit en aucune autre creature, de se hayr et desdaigner. C’est de pareille vanité, que nous desirons estre autre chose, que ce que nous sommes. Le fruict d’un tel desir ne nous touche pas, d’autant qu’il se contredit et s’empesche en soy : celuy qui desire d’estre faict d’un homme ange, il ne faict rien pour luy : Il n’en vaudroit de rien mieux, car n’estant plus, qui se resjouyra et ressentira de cet amendement pour luy ? (II, 3)"
"Le peuple se trompe : on va bien plus facilement par les bouts, où l’extremité sert de borne, d’arrest et de guide, que par la voye du milieu large et ouverte, et selon l’art, que selon nature ; mais bien moins noblement aussi, et moins recommendablement. La grandeur de l’ame n’est pas tant, tirer à mont, et tirer avant, comme sçavoir se ranger et circonscrire. Elle tient pour grand, tout ce qui est assez. Et montre sa hauteur, à aimer mieux les choses moyennes, que les eminentes. Il n’est rien si beau et legitime, que de faire bien l’homme et deuëment. Ny science si arduë que de bien sçavoir vivre cette vie. Et de nos maladies la plus sauvage, c’est mespriser nostre estre. (III, 13)"

17.2.17

Une association, une cotisation (10 €), une assemblée générale


... Si vous n'êtes pas encore membre de l'association c'est l'occasion de venir faire connaissance avec les bénévoles de la bibliothèque, de vous informer sur l'ensemble de nos activités,  et éventuellement de nous rejoindre. La cotisation à l'association (10 €) permet d'alimenter la "caisse" pour l'achat de nouveaux livres. Mais l'AG est aussi un moment convivial où l'on peut discuter de tout ce qui concerne la médiathèque... Chacun peut apporter ses idées, son dynamisme, son plaisir de lire !

13.2.17

Théâtre à Durfort le 18 février 2017 à 18 h

http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-38533-les-forains.htm

Depuis combien de temps sont-ils plantés entre cette voie ferrée et cette décharge ? En attendant une hypothétique pièce de rechange, le manège de Nono rouille tranquillement dans son camion, les nougats et réglisses de Jackie moisissent dans la confiserie, Eddie compte les wagons des trains qui passent.

Cette nuit-là, un train s'arrête. Hélène et Olivier en descendent. Le train repart et les laisse sur le ballast.

Hélène, en plein «développement personnel», a quitté son mari qui dormait la bouche ouverte. Olivier n'a pas eu le temps de remonter, laissant dans le train sa femme affolée. Loin de tout, en pleine nuit noire, ils sont contraints de se faire héberger par «les forains».

Les «civilisés» et les «sauvages» partagent les mêmes raviolis.

Les «normaux» rencontrent les «anormaux».

La nouvelle comédie de Stéphan Wojtowicz. Molière du meilleur auteur 2006.

La pièce de théâtre « Les Forains » sera suivi d'un repas partagé et d'un débat avec les acteurs autour d'un apéritif offert.

Mise en scène et décors de Michel Jouany
Soutenu par l'ART Récréation et la municipalité de Durfort.

8.2.17

Librairie La Porte des Mots samedi 11 février à 17 h

Rencontre avec les auteurs, deux enseignantes atypiques à la Maison d'arrêt de Nanterre...
"Ce qui est difficile pour apprendre c'est d'accepter de ne pas savoir, trouver la liberté de recevoir".

2.2.17

Petite pluie

Longtemps
l'espace
d'une profondeur
murmure
épaisseur ouatée
déliquescences brumeuses
gouttelettes
brindilles
hachis de feuilles
soupirs
la mélodie
résonante
des fines pluies
tissées
d'heure en heure
au fil des temps
brassée d'eau qui court
sur la roche
dans les branches
feuillages
écorces
réseau desserré
de fibres humides
lâchées
laissées
suave
caresse

MS