La première, surprenante : celle de la langue des signes, par quelqu'un qui s'y connaît ! Pour prolonger ce premier contact un blog intéressant qui prône son utilisation pour communiquer avec les bébés !
La suite fut moins inattendue : poésie, poésie !
De Louis Viala et Roger Saussine, auteurs locaux, à Paul Valéry ("Le temps du monde finit commence"...) et son éloge du vin, Appolinaire (Ombre) et un poète inconnu de nous : Guérassime Luca, qui fut remarquablement scandé par un lecteur-diseur d'une conviction remarquable. Qui a lu Guérassime Luca et peut nous communiquer des textes de lui ?
Pour Appolinaire, bien sûr c'est plus simple à trouver (un texte en sympathie avec le thème "Bosquet du souvenir" qui sera celui de la Journée européenne du patrimoine à Lasalle) :
from Calligrammes: Poems of Peace and War (1913-1916)
Vous voilà de nouveau près de moi
Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre
L'olive du temps
Souvenirs qui n'en faites plus qu'un
Comme cent fourrures ne font qu'un manteau
Comme ces milliers de blessures ne font qu'un article de journal
Apparence impalpable et sombre qui avez pris
La forme changeante de mon ombre
Un Indien à l'affût pendant l'éternité
Ombre vous rampez près de moi
Mais vous ne m'entendez plus
Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante
Tandis que moi je vous entends je vous vois encore
Destinées
Ombre multiple que le soleil vous garde
Vous qui m'aimez assez pour ne jamais me quitter
Et qui dansez au soleil sans faire de poussière
Ombre encre du soleil
Ecriture de ma lumière
Caisson de regrets
Un dieu qui s'humilie
Le dessin est de Picasso, sur le site : La couleur des larmes
Je n'ai pas trouvé "L'éloge du vin" (Paul Valéry) qui nous a été lu, voici le plus classique "Cimetière marin" (un extrait en antidote à "Ombre"...) :
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Non, non! . . . Debout! Dans l'ère
successive!
Brisez, mon corps, cette forme
pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance
salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.
Oui! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
Et un exercice de "géopoétique" particulièrement réussi : comment faire des éléments naturels un poème en prose...
"C'était le vent lavé par les
distances, le vent des hautes régions qui ne tombe pas en volutes
sur les vallées, qui file droit et, par-dessus les montagnes, va
brasser, au-dessus des mers, des mers de nuées parallèles et
profondes. Un vent sans odeur, sans parfum, purifié de tous les
atomes qui rappellent son passage sur la pente où fleurit le genêt,
sur la combe aqueuse où sifflent les ruches, sur la roche limée qui
se délite et lance un parfum minéral. Un vent que sa vitesse prive
de toute autre qualité, un vent comme un choc".
André Chamson, L'Aigoual (Ed.
Emile Paul, 1930).
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