Aujourd'hui Guillemette nous fait partager sa lecture des "Sentes buissonnières", dernier ouvrage paru de Mireille Pluchard (le prochain doit voir le jour dans quelques semaines).
LES SENTES BUISSONNIERES
La ténacité d'une jeune fille désirant à tous prix devenir institutrice dans ses Cévennes natales du XIX°s ; un père forestier, amoureux de ses forêts de Peyrolles dans la Vallée Française ; la dure vie des fileuses aux mains irritées et aux yeux brûlés : des ingrédients réunis pour un roman attachant, un "roman du terroir".
"Rubens Rouvière retourna le pain, y fit une croix à peine effleurée de la pointe de son couteau avant de trancher de larges tartines qu'il distribua à ses enfants tandis qu'Elise servait la soupe fumante."
Voilà six ans qu'Hermine, "son épouse adorée, avait quitté ce monde en lui donnant un septième enfant."
En 1859, Ruben Rouvière, garde forestier des bois communaux de Peyrolles, entre St Jean du Gard, St Roman de Tousque et St Etienne Vallée Française épousa Hermine, la fille d'un habile charbonnier. C'est dans la petite maison du Pontet que le jeune couple s'installa, et les enfants arrivèrent. Le numéro 5 s'appelait Amélie.
"Je ne te cache pas, petite, que tu t'engages dans une voie difficile. Le découragement te guettera souvent, la fatigue te fera douter de ton choix, mais tu ne devras jamais lâcher prise. […] Nous misons tous sur ta volonté et tes capacités."
"Ton père serait fier d'avoir une fille institutrice. Courage, Amélie, un jour tu le verras sourire."
Par un matin noir, Amélie, 13 ans, et Blandine, 16 ans, partirent avec leur balluchon, pour la filature Bondurand : la "Grande-Neuve" comme on la nommait à Saint Jean du Gard.
"Rouvière Amélie, batteuse. Travée 4, cuviers 25 à 32. Au travail !"
"Les robinets dégueulèrent alors leur liquide fumant enrobé de vapeur et les asples suspendus commencèrent leur infatigable carrousel dès que les fileuses y accrochèrent les maîtres-brins."
Amélie alterna entre la filature et le cours complémentaire de Saint Jean du Gard où elle avait pu s'inscrire.
"Trois longues années d'un labeur ingrat, de soucis familiaux, d'incompréhension et même de moqueries n'avaient pas réussi à saper une volonté hors du commun."
Suivirent encore trois ans d'austère "école normale" à Nîmes, et enfin, Amélie Rouvière devint "mademoiselle l'institutrice" dans le petit village de Larbousse, près de Saint-André-de-Valborgne.
Institutrice à l'école de la République !
"C'est donc à la Conciergerie qu'Amélie Rouvière, fraîchement bardée de diplômes, débarqua un matin d'octobre 1892, un sourire conquérant sur les lèvres et une épaisse couche de poussière sur ses bottines en cuir.
A nous deux, Larbousse !" se serait-elle écriée - Rastignac en jupons - si elle eut été seule. " …
Un autre combat à mener pour la jeune Amélie ! …
Un beau portrait de femme cévenole, "reboussière" et très déterminée à réaliser son idéal.
Guillemette Chevallier (Rubrique "Le livre du mois" du journal "Le Grillon")
LES SENTES BUISSONNIERES
La ténacité d'une jeune fille désirant à tous prix devenir institutrice dans ses Cévennes natales du XIX°s ; un père forestier, amoureux de ses forêts de Peyrolles dans la Vallée Française ; la dure vie des fileuses aux mains irritées et aux yeux brûlés : des ingrédients réunis pour un roman attachant, un "roman du terroir".
"Rubens Rouvière retourna le pain, y fit une croix à peine effleurée de la pointe de son couteau avant de trancher de larges tartines qu'il distribua à ses enfants tandis qu'Elise servait la soupe fumante."
Voilà six ans qu'Hermine, "son épouse adorée, avait quitté ce monde en lui donnant un septième enfant."
En 1859, Ruben Rouvière, garde forestier des bois communaux de Peyrolles, entre St Jean du Gard, St Roman de Tousque et St Etienne Vallée Française épousa Hermine, la fille d'un habile charbonnier. C'est dans la petite maison du Pontet que le jeune couple s'installa, et les enfants arrivèrent. Le numéro 5 s'appelait Amélie.
"Je ne te cache pas, petite, que tu t'engages dans une voie difficile. Le découragement te guettera souvent, la fatigue te fera douter de ton choix, mais tu ne devras jamais lâcher prise. […] Nous misons tous sur ta volonté et tes capacités."
"Ton père serait fier d'avoir une fille institutrice. Courage, Amélie, un jour tu le verras sourire."
Par un matin noir, Amélie, 13 ans, et Blandine, 16 ans, partirent avec leur balluchon, pour la filature Bondurand : la "Grande-Neuve" comme on la nommait à Saint Jean du Gard.
"Rouvière Amélie, batteuse. Travée 4, cuviers 25 à 32. Au travail !"
"Les robinets dégueulèrent alors leur liquide fumant enrobé de vapeur et les asples suspendus commencèrent leur infatigable carrousel dès que les fileuses y accrochèrent les maîtres-brins."
Amélie alterna entre la filature et le cours complémentaire de Saint Jean du Gard où elle avait pu s'inscrire.
"Trois longues années d'un labeur ingrat, de soucis familiaux, d'incompréhension et même de moqueries n'avaient pas réussi à saper une volonté hors du commun."
Suivirent encore trois ans d'austère "école normale" à Nîmes, et enfin, Amélie Rouvière devint "mademoiselle l'institutrice" dans le petit village de Larbousse, près de Saint-André-de-Valborgne.
Institutrice à l'école de la République !
"C'est donc à la Conciergerie qu'Amélie Rouvière, fraîchement bardée de diplômes, débarqua un matin d'octobre 1892, un sourire conquérant sur les lèvres et une épaisse couche de poussière sur ses bottines en cuir.
A nous deux, Larbousse !" se serait-elle écriée - Rastignac en jupons - si elle eut été seule. " …
Un autre combat à mener pour la jeune Amélie ! …
Un beau portrait de femme cévenole, "reboussière" et très déterminée à réaliser son idéal.
Guillemette Chevallier (Rubrique "Le livre du mois" du journal "Le Grillon")
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