Adresse et heures d'ouverture

Adresse : ancien foyer rural (rue du Canal d'Algues), 30460 Lasalle

Tél : 04 66 83 99 14

Heures d'ouverture : Lundi 10-12h, Mardi 16h-18h, Mercredi 10h-12h et 14-18h, Vendredi : 16h30 - 18h , Samedi 10-12h
Jeudi (fermeture pour travaux collectifs)

"Regardez le spectacle de ces murs : c'est comme une bibliothèque dans la montagne. Regardez une bibliothèque : c'est comme un mur et qui tient des choses capitales. Nous avons besoin de livres et de pierres" (Patrick Cabanel)
"À vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir." (Henri Bergson)

4.4.16

"Etre sans destin" Imre Kertèsz

Je n’ai jamais eu la tentation de considérer les questions relatives à l’Holocauste comme un conflit inextricable entre les Allemands et les Juifs ; je n’ai jamais cru que c’était l’un des chapitres du martyre juif qui succède logiquement aux épreuves précédentes ; je n’y ai jamais vu un déraillement soudain de l’histoire, un pogrome d’une ampleur plus importante que les autres ou encore les conditions de la fondation d’un État juif. Dans l’Holocauste, j’ai découvert la condition humaine, le terminus d’une grande aventure où les Européens sont arrivés au bout de deux mille ans de culture et de morale (discours de réception du prix Nobel).

L’écrivain hongrois Imre Kertész, Prix Nobel de littérature, est mort le 31 mars 2016. C'était l'auteur de :  "Etre sans destin" (disponible à la médiathèque de Lasalle)


Œuvres d’Imre Kertész traduites en français par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba :
Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Arles, Actes Sud, 1995 (Kaddis a meg nem született gyermekért, 1990).
Être sans destin, Arles, Actes Sud, 1998 (Sorstalanság, 1975).
Un autre : chronique d’une métamorphose, Arles, Actes Sud, 1999 (Valaki más : a változás krónikája, 1997).
Le Refus, Arles, Actes Sud, 2001, (A kudarc, 1988).
Le chercheur de traces, Arles, Actes Sud, 2003 (A nyomkereső, 1977).
Liquidation, Arles, Actes Sud, 2004 (Felszámolás, 2003).
Le Drapeau anglais suivi de Le Chercheur de traces et de Procès verbal, Arles, Actes Sud, 2005.
Roman policier, Arles, Actes Sud, 2006 (Detektívtörténet, 1977).
Dossier K, Arles, Actes Sud, 2008 (A K. dosszié, 2006).
L’Holocauste comme culture : Discours et essais, Arles, Actes Sud, 2009.
Journal de galère, Arles, Actes Sud, 2010 (Gályanapló, 1992).
Sauvegarde : journal 2001-2003, Arles, Actes Sud, 2012 (Mentés másként, 2011).
L’Ultime auberge, Arles, Actes Sud, 2015 (A végső kocsma, 2014).
...

"Entre ces camps de destruction et les camps » normaux « , écrivait-il  dès 1945, il
n’y a pas de différence de nature, mais seulement de degré. » |
Être sans destin confirme cette analyse tandis que l’on découvre le caractère banal de cette lente mise à mort par le labeur pratiquée non seulement dans les grands centres concentrationnaires, mais aussi dans ces lagers « ordinaires » et anonymes que Kertész tire opportunément du néant.
Parce qu’on avait déjà lu de nombreux témoignages, on croyait connaître l’essentiel de ces vies désastrées par les camps. Grâce à "Être sans destin" se découvrent des réalités souvent tues, s’accordant mal avec les injonctions d’une histoire édifiante – celle qui fut écrite à la Libération ici et ailleurs.
Cette œuvre est rebelle aux captations mémorielles d’où qu’elles
viennent, rebelle à ces captations oublieuses, souvent mystificatrices elles aussi parce que l’un de leurs moteurs est l’édification dont les impératifs sont souvent peut-être toujours contradictoires avec le désir de savoir. De savoir même le plus horrible, même le plus odieux.
Or Kertész nous livre un savoir qu’on ne voudrait savoir parce qu’il ébranle nos
représentations habituelles et rassurantes en nous forçant à voir, à l’écart de tout manichéisme, ce que l’homme fait parfois d’un autre homme. Jamais en effet, il ne diabolise les bourreaux qui sont des hommes parfaitement ordinaires. Quant aux victimes, elles ne sont aucunement idéalisées et le spectacle qu’elles donnent d’elles
mêmes n’est en rien édifiant.
Souvent corrompues et avilies par le système qui les détruit lentement, quelquefois associées aux bourreaux dont elles se font les auxiliaires plus ou moins zélées, elles ne forment pas, du moins pas dans le camp où l’auteur fut déporté – une communauté solidaire et résistante face aux SS mais un amas chaotique où chacun, luttant seul contre tous, et prêt à tout pour survivre. Ce constat accuse-t-il les victimes ? Non, il condamne exclusivement leurs bourreaux et le régime qu’ils servaient. C’est aussi cela qui rend Être sans destin si difficile à lire. C’est pour cela aussi qu’il faut lire cette œuvre souveraine."
Lecour Grandmaison Olivier (Academia)

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