Dans
ses notes, Françoise Chandernagor nous rappelle qu’il est
difficile d’écrire un roman historique, même bien documenté.
C’est pourtant avec brio qu’elle nous emmène dans l’Egypte
ancienne. La vie quotidienne des alexandrins, les démêlés
cœur-politiques de leur Reine, mais c’est surtout l’histoire de
la fille de Cléopâtre. Cléopâtre aurait eu une fille ?
Avec
César, son premier amour, Cléopâtre eut un fils, Césarion.
Après
sa mort, c’est Marc Antoine, le romain tout puissant, qu’elle
aima.
Elle
mit au monde « un garçon et une fille, qu’on avait appelés
Alexandre et Cléopâtre, et surnommés plus tard Hélios et Séléné
-en français, Soleil et Lune. Deux astres : Hélios, le blond
sans doute, Séléné plus nocturne. »
Ces
deux jumeaux ont passé leur petite enfance loin de leur mère, dans
le Palais Bleu, une cité interdite dans Alexandrie.
A
six ans, Alexandre était beau et fort, tandis que « Séléné
avait déjà compris que son corps n’était pas potelé, sa
chevelure pas dorée, son visage pas riant. Elle semblait n’en
souffrir que par intermittence : après tout, elle était
princesse, et Césarion l’aimait. »
Antyllus,
le fils aîné de Marc-Antoine, vivait aussi au Palais.
Cléopâtre
et Antoine sont à Samos, mais les romains ne supportent pas la
Reine, malgré la flotte qu’elle leur procure.
« Pauvre
Antoine ! Jamais il n’a livré de bataille navale » et
pour cacher sa peur, il s’étourdit. Les banquets se succèdent. La
vie à Samos est un écran parfait pour masquer qu’il lui manque
cinquante mille « vrais soldats »
Octave
a piégé Marc-Antoine et il a perdu la bataille.
Antoine
se retire à Alexandrie, neurasthénique. Seule Séléné peut le
voir et à force de persévérence, la petite fille l’aide à
reprendre goût à la vie.
…
« Le
désordre et l’angoisse grandissaient en parallèle. Tous les
petits étaient regroupés dans un même pavillon des Mille
Colonnes ». Les soldats d’Octave sont entrés dans
Alexandrie, c’était « le Grand Fracas » qui couvrait
la rumeur de la ville.
Marc-Antoine
et Cléopâtre se sont suicidés, Antyllus et Césarion ont été
exécutés. Séléné, petite fille de douze ans hurle en silence sa
douleur. « Un jour elle aussi va mordre, déchirer, dévorer,
arracher des yeux, dénuder des cous, tuer ! » Séléné
se le promet.
Un
roman riche en détails, écrit par une grande dame de la littérature
à l’écriture vive et concise. J’attends la suite avec
impatience !
Grand
prix Palatine du roman historique 2011, ce livre est le premier volet
d’une fresque historique : « La Reine oubliée ».
F.Chandernagor
se consacre à l’écriture, elle a écrit « L’Allée du
Roi » en 1981.
Elle
est entrée à l’académie Goncourt en 1985.
Guillemette
Chevallier