Sam. 11 mai à 20h et Dim. 12 mai à 17h au Temple de Lasalle et alentours (jardin des glycines)sera donné un spectacle en forme de "Mistère médiéval" bâti autour de la musique du " Llbre Vermell de Montserrat ", polyphonies catalanes du XIIIème siècle. avec 15 chanteurs , 6 instrumentistes, des danseurs. Comme au moyen-âge, où les mistères rejouaient naïvement les scènes célèbres du christianisme. Il ne s’agit plus seulement d’un concert de musique, mais d’un spectacle qui fera partager au public entouré par les chanteurs l’atmosphère d’une soirée à la fois spirituelle et joyeuse avec les pèlerins venus à Montserrat au XIVème siècle.
Une foule craintive autour d’un feu de camp, à l’extérieur de la chapelle mais dans l’enceinte de l’abbaye, où sont entassés les gens du peuple qui doivent dormir à la belle étoile. Il fait froid la nuit en montagne, on se blottit autour du feu, on se réchauffe en chantant, parfois en dansant, des moines passent, entrent et sortent de la chapelle. Des groupes de pèlerins se lèvent à tour de rôle pour chanter à 3, à 8 ou tous ensemble sous la forme populaire commune à tous les pays du question/répons ou couplet /refrain, des ménestrels jouent en petits groupes des pièces instrumentales pour divertir les pèlerins. Certains audacieux, presque frondeurs lancent même une danse macabre et chantent « ad mortem festinamus » nous allons tous joyeusement vers la mort !
Christophe Lombard
Mais pourquoi une vierge noire ?
Son surnom est la Moreneta ; en catalan, la petite noire ou la petite brune (brunette).
"Les deux mythes fondateurs liés à la Vierge noire et à Guifré le Velu, conquérant de la Vieille Catalogne et fondateur de la dynastie des comtes de Catalogne, renvoient à trois domaines :
Tout
d’abord, le dogme marial établi par l’Église catholique selon l’image
de la Vierge qui s’est élaborée au cours des siècles jusqu’à une période
récente (le dogme de l’Assomption n’est proclamé qu’en 1950,
rappelons-le). Cette construction presque perpétuelle est controversée
car elle s’inscrit en partie dans un domaine aussi discutable
intellectuellement que celui de la Tradition. Tout ceci laisse présager
des difficultés rencontrées par le Magistère. Par exemple, la dévotion
populaire et les Apocryphes ont joué un rôle certain dans la
construction du culte et de l’iconographie mariaux, ce qui met en
lumière une des limites de l’Église qui a paradoxalement entériné des
textes qu’elle-même considère comme non canoniques. Il y a donc clivage
entre religion populaire et religion des élites, en particulier à propos
des Vierges noires.
Le deuxième domaine est celui des Vierges et de leur rapport avec les Déesses Mères c’est-à-dire la déification du principe universel de fécondité et, par extension, de protection maternelle. Cette conception du divin renvoie à la sacralisation de la nature et à une conception cyclique du temps. L’Église catholique, dans une volonté de mettre en avant à la fois la virginité perpétuelle de Marie et son rôle de mère protectrice afin d’éradiquer les anciens cultes et de se superposer à eux, a donné une place de premier plan à la Vierge, mais l’a également rapprochée des Déesses païennes, ouvrant ainsi la porte à des déviances surtout à propos des Vierges noires."
Enfin, le dernier domaine est celui de la fondation mythique de la Catalogne dont la légende s’imbrique étroitement avec les faits historiques et religieux.
La vierge noire de Montserrat, mythe d’origine, mythe catalan
Odile Impériali (Cahiers de la Méditerranée)
https://journals.openedition.org/cdlm/4371