Adresse et heures d'ouverture

Adresse : ancien foyer rural (rue du Canal d'Algues), 30460 Lasalle

Tél : 04 66 83 99 14

Heures d'ouverture : Lundi 10-12h, Mardi 16h-18h, Mercredi 10h-12h et 14-18h, Vendredi : 16h30 - 18h , Samedi 10-12h
Jeudi (fermeture pour travaux collectifs)

"Regardez le spectacle de ces murs : c'est comme une bibliothèque dans la montagne. Regardez une bibliothèque : c'est comme un mur et qui tient des choses capitales. Nous avons besoin de livres et de pierres" (Patrick Cabanel)
"À vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir." (Henri Bergson)

8.9.11

Firmin de Sam Savage

Livre surprenant et vraiment convainquant dont le héros est un rat (mais quel rat !) ce qui donne de la ville de Boston où il demeure une vision très particulière... Parmi ses ambitions, hélas souvent déçues, une forte volonté de communiquer avec les humains ! Comme il ne peut pas parler, ni même écrire (pourtant il lit couramment) il imagine d'apprendre la langue des signes... Bien sûr, il trouve un manuel... Le résultat vaut la peine d'être lu :
"Les termes usuels étaient classés alphabétiquement, comme dans un dictionnaire, et, à la place de la définition, il y avait la photo d'une jolie femme en pull rouge qui faisait le signe correspondant au mot. Je suppose que c'est à cause d'elle que j'ai associé le langage des signes à mes Mignonnes (1). Par exemple, à côté du mot ami, une photo montrait une Mignonne aux formes avantageuses moulées dans un pull, qui levait l'index des mains gauche et droite. Deux doigts amis près l'un de l'autre. Cela m'a redonné de l'espoir. Ce qui était idiot. L'inventeur de ce langage silencieux ne l'avait pensé que pour des créatures pourvues de doigts. N'étant équipé que de pattes et de griffes, il m'était impossible de même bafouiller les phrases les plus élémentaires. En un mot, je bégayais des pattes. Debout devant le miroir, ce qui était déjà une torture en soi, en équilibre devant le lavabo, je m'efforçais de dire : "Qu'aimez-vous lire ?" J'ai essayé d'imaginer que mon corps représentait la paume et mes pattes les doigts. En plein milieu de ma phrase, j'ai changé de stratégie et me suis servi de mes pattes avant comme de bras et de mes pattes arrière comme de pouces. Je me frappais la poitrine, croisais les jambes, me recroquevillais, puis m'agitais soudain dans tous les sens comme un homme dont les vêtements auraient pris feu. Rien n'y faisait...
Prenant le temps à chaque page, j'ai interrogé la Mignonne. Je cherchais une phrase simple et compréhensible qui soit adaptée à mes limites physiologiques. En peu de temps, j'avais appris à dire "au revoir zip". Ce n'était pas du Shakespeare, mais impossible de faire mieux. Je formulais cette phrase en me tenant sur mes pattes arrière : j'agitais une patte avant - comme pour dire au revoir - puis, avec la même patte, j'effectuais un mouvement de bas en haut devant ma poitrine - comme pour remonter une fermeture éclair imaginaire. Je me suis entraîné devant la glace, au revoir zip, au revoir zip, au revoir zip, jusqu'à maîtriser parfaitement le geste..."
On imagine le résultat lorsque Firmin fera quelques essais pour entrer en relation sur le mode "au revoir zip" !!! Un auteur capable d'écrire ça justifie la peine que vous avez eue en apprenant à lire ! Sans compter vos essais infructueux pour parler une langue étrangère !
Merci M. Savage pour ce moment de grâce...

(1) Ses "Mignonnes" sont les danseuses d'un Cabaret qu'il fréquente assidument.

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