Il a été question de beaucoup de sujets hier soir dans le grand amphi de l'école des Mines d'Alès où se déroulait une "causerie" avec Tahar Ben Jelloun... De son dernier roman, "Le mariage de plaisir" dont la traduction exacte est "Le mariage de jouissance", de l'amour, du Coran, du racisme, de l'esclavage, du Maroc, des "évènements" (comme on dit pudiquement) etc mais je n'en retiendrais qu'un : TBJ nous affirme "Ce sont les femmes qui font vivre la littérature française" ! Et effectivement : ce sont elles qui lisent, d'une manière générale, particulièrement des romans, mais aussi qui achètent les livres et fréquentent les bibliothèques. Ca l'Association des amis de la bibliothèque peut en témoigner. Pourtant hier soir il y avait, pour écouter, TBH, presque autant d'hommes que de femmes...
Prenons un peu de recul : que nous disent les "experts" à ce sujet ?
A l'âge adulte,
femmes et hommes ne lisent pas avec la même intensité et ne font
pas le même genre de lectures. L'accroissement de la lecture depuis
les années 1960 est sensible chez les femmes qui, moins scolarisées
que les garçons jusqu'alors, ont bénéficié de façon notable de
l'allongement de la scolarité. Elles sont progressivement devenues
plus lectrices que les hommes et, depuis vingt-cinq ans, l'écart de
lecture entre les hommes et les femmes est constant(Lehingue, 2003).
" Les femmes, note Olivier Donnat (1994) devancent les
hommes pour toutes les activités en rapport avec le livre, qu'il
s'agisse de la fréquence d'achat, de l'intensité de la lecture ou
de l'inscription en bibliothèque " ; les hommes sont
plus souvent faibles lecteurs et à niveau de diplôme identique, les
femmes lisent toujours plus que les hommes.
Femmes et hommes
n'ont pas les mêmes intérêts. Les romans sentimentaux, les romans
psychologiques, les documentaires, les essais vécus sont préférés
par les femmes. Qu'elles soient en activité ou non, elles restent
vouées à l'espace du dedans, à l'intériorité, au foyer. Les
ouvrages de sciences et de science-fiction, d'histoire, les romans
policiers ont la préférence des hommes plus sollicités par
l'extérieur, l'action, l'histoire et la politique. Ainsi les
ouvrages historiques, les revues politiques et économiques, les
hebdomadaires d'information, les revues de sport restent des lectures
essentiellement masculines. Lorsque les femmes parviennent à un
niveau d'instruction supérieur, les normes traditionnelles qui
pèsent sur leurs pratiques culturelles s'estompent. Femmes et hommes
ont alors les mêmes goûts pour la lecture de romans cultivés, des
classiques, des essais (Parmentier 1986)...
Faute d'un longue
familiarisation avec le livre, la lecture est une pratique acquise
très tôt dans le milieu familial et devient, pour les plus
favorisés, un habitus, que n'ont pas, le plus souvent, la
possibilité d'acquérir les enfants des classes populaires. Le fait
d'avoir une bibliothèque chez soi, d'avoir des livres à sa
disposition, de pouvoir choisir des livres, de voir ses parents lire,
de discuter des lectures, permet une imprégnation et constitue un
capital culturel qui vient s'ajouter au capital scolaire.
L'instruction facilite la lecture, développe la curiosité, incite à
acquérir des connaissances : plus le niveau instruction est
élevé, plus s'affine et se fortifie la compétence lectrice...
Les lecteurs des
milieux populaires sont rarement détenteurs de capital culturel et
de capital scolaire, ils recherchent peu une activité solitaire qui
les éloigne de leurs réseaux de sociabilité sauf si la lecture est
une occasion d'échanges. Du fait d'un parcours scolaire plus ou
moins chaotique, la lecture leur demande des efforts et ils y
consacrent peu de temps (Robine 1984 ; Bahloul 1987).
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